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L'incontinence fécale : une prise en charge évolutive et personnalisée
LE CHR DE VERVIERS, SEUL CENTRE AGRÉÉ DE L'ARRONDISSEMENT POUR LA NEUROSTIMULATION SACRÉE
"L'incontinence fécale reste un sujet tabou alors qu'elle touche 4 à 8% de la population belge. Ce n'est ni une fatalité ni une exclusivité des patients gériatrique. Avec une prise en charge adaptée, on peut significativement améliorer la qualité de vie." — Dr Sandra de Decker, gastro-entérologue au CHR Verviers
L'incontinence fécale, ce trouble sous-diagnostiqué qui affecte davantage les femmes (7,5%) que les hommes (2,4%), souffre encore d'un manque de visibilité dans le paysage médical. Pourtant, au Centre Hospitalier Régional de Verviers, une équipe pluridisciplinaire d'experts s'est constituée pour offrir une prise en charge complète et innovante de cette pathologie. Seul centre agréé de l'arrondissement à proposer la neurostimulation sacrée, le CHR Verviers dispose aujourd'hui d'une expertise reconnue associant les compétences du Dr Sandra de Decker, gastro-entérologue, de Laurence Arnould, kinésithérapeute spécialisée en rééducation ano-périnéale, et du Dr Catalin Maris, chirurgien.
DERRIERE LE >TABOU, UNE REALITE MEDICALE COMPLEXE
L'incontinence fécale se définit par des symptômes persistants depuis plus de trois mois. Elle se manifeste sous différentes formes : l'incontinence d'urgence (besoin impérieux sans possibilité d'atteindre les toilettes), l'incontinence passive (absence de sensation de besoin), l'incontinence d'effort (lors de toux ou d'efforts physiques) ou encore l'incontinence par regorgement (évacuation de matières liquides alors que des selles solides restent bloquées).
"Les patients arrivent souvent après plusieurs mois ou années de souffrance silencieuse. L'impact sur leur vie sociale et psychologique est considérable," confie le Dr de Decker. "Ce qui est frustrant, c'est que nous disposons aujourd'hui de solutions efficaces, mais le tabou retarde leur prise en charge."
Les origines de ce trouble sont multiples : descente d’organes, prolapsus, maladies dégénératives, lésions obstétricales, affaiblissement du plancher pelvien, pathologies anorectales, interventions chirurgicales, troubles neurologiques ou dysfonctionnements du transit.
UNE APPROCHE DIAGNOSTIQUE RIGOUREUSE
Pour le Dr de Decker, la clé d'une prise en charge réussie commence par un bilan complet.
"Nous procédons par étapes," explique-t-elle. "L'examen clinique s'accompagne de questionnaires spécifiques comme le Score de Wexner qui évalue la sévérité de l'incontinence fécale et son impact psychologique et social. »
Ce bilan peut comprendre, selon les cas, une manométrie ano-rectale pour mesurer objectivement la fonction du sphincter, une échographie du sphincter anal, un dépistage du cancer colorectal ou une défécographie pour visualiser le processus d'évacuation.
DE LA RÉÉDUCATION AUX TRAITEMENTS AVANCÉS : UN PARCOURS PERSONNALISÉ
La première ligne de traitement repose sur la normalisation de la consistance des selles par un changement de régime alimentaire ou un traitement médicamenteux, associé à la rééducation périnéale.
"Notre approche en kinésithérapie ano-périnéale permet d'améliorer l'état de trois patients sur quatre," précise Laurence Arnould. "Le programme, qui comprend entre 18 et 30 séances, est entièrement adapté aux besoins de chaque patient."
Lorsque ces approches conservatrices s'avèrent insuffisantes, l'équipe du CHR Verviers peut proposer des options chirurgicales, notamment la neurostimulation sacrée, technique pour laquelle l'établissement est le seul centre agréé de la région.
"La neurostimulation sacrée représente une avancée majeure pour les patients résistants aux traitements conventionnels," explique le Dr Catalin Maris, chirurgien. "Le dispositif agit sur les muscles qui contrôlent l’anus, offrant aux patients un délai suffisant pour atteindre les toilettes."
LA NEUROSTIMULATION SACRÉE : UNE INNOVATION ACCESSIBLE
Le processus débute par une phase de test de deux à trois semaines avec une électrode temporaire.
"À l'issue de cette période, nous comparons les calendriers des selles avant et après le traitement," détaille le Dr Maris. "Si les résultats sont positifs, et que les patients est satisfait et confortable avec le dispositif, nous proposons l'implant définitif."
L'implantation du système s'effectue sous anesthésie générale en hôpital de jour. Le neuromodulateur, un petit appareil placé sous la peau dans le haut de la fesse, envoie de faibles impulsions électriques aux nerfs qui commandent les muscles de l’anus. Il est contrôlable par un smartphone, permettant au patient de gérer lui-même les paramètres via une application dédiée.
L'implantation du système s'effectue sous anesthésie générale en hôpital de jour. Le neuromodulateur, un petit appareil placé sous la peau dans le haut de la fesse, envoie de faibles impulsions électriques aux nerfs qui commandent les muscles de l’anus. Il est contrôlable par un smartphone, permettant au patient de gérer lui-même les paramètres via une application dédiée.
"C'est un système qui rend le patient acteur de ses soins," souligne le Dr Maris. "Il reste invisible sous la peau, est compatible avec l'IRM et dispose d'une pile d'une durée de vie de 10 à 15 ans."
Agréé par l'INAMI, le CHR Verviers offre une prise en charge complète de l'intervention, grâce à une collaboration multidisciplinaire entre gastro-entérologue, kinésithérapeute, chirurgien et gynécologue.
UNE SOLUTION, PAS UN MIRACLE
Les spécialistes tiennent toutefois à tempérer les attentes.
"La neurostimulation apporte une amélioration significative mais on ne retrouve pas la fonction sphinctérienne de ses 18 ans," précise le Dr Maris. "L'objectif est de donner au patient le temps de trouver des toilettes, ce qui représente déjà une amélioration considérable de la qualité de vie."
Les effets secondaires potentiels incluent douleur, irritation cutanée, infection, problèmes techniques ou déplacement des électrodes, mais ces très rares complications peuvent généralement être résolues.
En dernier recours, pour les cas les plus sévères ne répondant à aucun traitement, la création d'une stomie peut être envisagée.
UNE ÉQUIPE PLURIDISCIPLINAIRE UNIQUE DANS LA RÉGION
L'expertise du CHR Verviers dans la prise en charge de l'incontinence fécale repose sur une collaboration étroite entre différentes spécialités. Cette approche pluridisciplinaire, exigée par l'INAMI pour l'agrément, permet d'offrir aux patients un parcours de soins complet et cohérent.
"Notre force réside dans la complémentarité de nos compétences," conclut le Dr de Decker. "Du diagnostic initial aux traitements les plus avancés, chaque patient bénéficie d'une prise en charge sur mesure."